Serres, septembre 1999
Cher ami gourmet,
« Bien qu’encore assez jeune, j’appartiens aux derniers jours de la vieille école : celle de la blouse blanche et de la plume Sergent Major. Il est vrai que dans les campagnes nous sommes, par certains côtés, un peu en retard. Les maîtres d’école ne changeaient pas souvent non plus, les choses évoluaient donc lentement. Le plus souvent, au début de l’année scolaire, il y avait une révision des grandes notions de l’année précédente et ce, dans les principales disciplines.
Alors si vous le voulez bien, nous allons passer en revue les notions fondamentales qui concernent le Moulin de Serres.
Pour les petits nouveaux, ce sera là une première initiation. Vous trouverez donc ci-joint le vocabulaire principal utilisé, et ses définitions.
Dame Nature : Féminité qui a si bien ordonné les choses afin que les fins gourmets puissent jouir au mieux de leurs papilles.
Céréale : Par les temps qui courent, petite douceur réservée à la basse cour du Moulin, ainsi qu’aux autres animaux.
Bœuf : Uniquement jeune femelle (ne vous laissez pas surprendre par le genre masculin). Elle rumine essentiellement de l’herbe et ne supporte en aucune manière la vue de la viande dans sa crêche.
Poulet : Ingénu volatile mais dont la chair laisse oublier ce petit défaut, il adore picorer au soleil.
Éleveur du Moulin de Serres : Il recherche la compagnie de Dame Nature et se soumet en permanence à sa volonté, voir à ses caprices pour satisfaire ses compagnons les animaux. On notera sa prédisposition à se plaindre en permanence, n’en croyez rien, il est profondément heureux.
Un ami gourmet : Dame Nature l’a doté d’une intelligence infaillible pour distinguer le vrai du faux, l’imitation de l’original. Au fil du temps et de l’évolution de l’espèce, ses pailles gustatives se sont développées de manière prodigieuse.
Cher ami gourmet, je vous invite donc à réviser ces quelques notions fondamentales en cette période de rentrée. Nous aurons certainement l’occasion de reprendre ces notions au cours de l’année, et je ne doute pas un instant de votre bonne note.
Je vous souhaite une bonne rentrée. »
Lettre authentique écrite par Jean-Luc Combe en septembre 1999
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